Selon "La Croix"

Publié le par SEP (Syndicat de l'Education Populaire)

      
 
 
 
      
Les syndicats campent entre discussions et mobilisation


Alors que le ministre du travail Xavier Bertrand commence les consultations préparatoires à la réforme des régimes spéciaux, six syndicats de la SNCF appellent à la grève le 18 octobre
 
C’est une nouvelle date dans l’agenda déjà surchargé du président de la République. Mais cette fois, il s’agit d’une initiative syndicale. Mercredi 19 septembre, en effet, cinq fédérations de cheminots – CGT, FO, CFTC, Sud-rail et la CGC, auxquelles s’est ensuite ajoutée la CFDT – ont appelé à la grève le 18 octobre contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.


Dans la foulée, les fédérations de l’énergie n’ont « pas exclu de s’associer » à cette journée. Les syndicats de la RATP, eux, ont décidé hier de ne pas en appeler tout de suite à la grève. Quant aux syndicats de la fonction publique, très remontés contre le discours de Nicolas Sarkozy mercredi, ils pourraient à leur tour donner de la voix.


Du côté des régimes spéciaux, la réaction des personnels de la SNCF, bastion des grandes grèves de 1995, constituera un thermomètre du climat social. Alors que Xavier Bertrand, le ministre du travail, a commencé dès mercredi la concertation destinée à « préciser les principes communs de l’harmonisation » des régimes spéciaux avec celui de la fonction publique, les syndicats sont pris entre les discussions et la tentation de la mobilisation.


"Une toute petite ouverture"


Si chaque organisation attend des précisions du gouvernement, des positions intransigeantes s’expriment déjà, notamment à Force ouvrière et à Sud-rail, qui rejettent toute remise en cause des régimes spéciaux.


Certains syndicats sont-ils prêts toutefois à des concessions ? À la Fgaac, Bruno Duchemin avance une « toute petite ouverture » : « Si on en arrivait à distinguer différentes catégories de métiers pour définir l’âge de départ en retraite, en fonction de leur pénibilité, il ne serait pas exclu d’en discuter, mais en concertation avec les autres métiers et les autres organisations de la SNCF », précise-t-il aussitôt.


Pour sa part, la CGT-cheminots se montre très ferme, par la voix de son numéro un, Didier Le Reste : « Nous ne sommes pas entendus de la part de la direction de la SNCF et du gouvernement, une intervention des cheminots est donc nécessaire pour (…) imposer d’autres choix. »


"Nous ne sommes pas pour le statut quo"


Mais à la centrale cégétiste, le discours tente de tenir les deux bouts de la chaîne : « Nous rejetons l’alignement mécanique des régimes mais, dans le même temps, nous ne sommes pas pour le statu quo sur les régimes spéciaux, affirme Jean-Christophe Le Duigou.


Nous souhaitons remettre à plat tout le dossier des retraites, du public comme du privé, en tenant compte de l’ensemble des critères : assiette de calcul des pensions, taux de cotisation, conditions pour valider un trimestre… » « Il n’y a pas d’antinomie entre discussion et mobilisation », affirme pour sa part Marcel Grignard, chargé de l’action revendicative à la CFDT.


À l’Unsa, on propose un « nouvel équilibre ». « Les régimes spéciaux n’étaient pas demandeurs d’une réforme, estime Éric Tourneboeuf, secrétaire général de la fédération transports. Mais nous sommes lucides, la société a évolué et nous sommes entrés dans un processus de révision que Nicolas Sarkozy entend de toute façon mener à bien. Voyons si l’on peut trouver un nouvel équilibre pour remplacer l’ancien système, qui reposait sur un départ à la retraite précoce, en échange d’une rémunération plus faible, notamment en matière d’horaires décalés, de travail le dimanche et les jours fériés… » D’accord pour toucher un plateau de la balance, mais en échange de contreparties
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Une brèche dans le statut de fonctionnaire

Depuis le 19 septembre, les fonctionnaires sont aussi sur le pied de guerre. Le discours de Nicolas Sarkozy sur la refondation de la fonction publique a ouvert une brèche profonde dans le statut de fonctionnaire, et n’a pas répondu à la question du pouvoir d’achat. La CGT a estimé que le projet de Nicolas Sarkozy était un « casus belli ».


À l’Unsa, Élisabeth David dénonce également une « méthode (…) tout à fait inacceptable, dans la mesure où on nous annonce au préalable des suppressions d’emplois, on nous annonce tout un tas de mesures qui vont arriver et on nous convoque à des conférences qui devraient être des conférences de négociations.»


À la CFDT, Éric Fritsch partage avec Nicolas Sarkozy « le constat qu’il faut faire bouger les choses, en particulier quand on entend parler de mobilité, d’évaluation, de formation continue ». Mais n’en démord pas, comme ses collègues, sur la revalorisation salariale. Gérard Aschieri, à la FSU (majoritaire dans l’éducation nationale), n’exclut pas un appel à la grève. Les huit fédérations doivent rencontrer leur ministre de tutelle Éric Woerth ce matin. Ils se retrouveront ensuite pour choisir une stratégie, entre discussions et mobilisation.


Marie DANCER

Publié dans Politiques publiques

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