Attaque sournoise à l'Education Nationale

Publié le par SEP (Syndicat de l'Education Populaire)


Xavier Darcos veut tester le service minimum à l'école dès le 24 janvier


Source : LE MONDE | 10.01.08 | 13h24  •  Mis à jour le 10.01.08 | 14h36

 
Le "service minimum" que Xavier Darcos, le Ministre de l'Éducation, veut instaurer dans les écoles pour accueillir les élèves en cas de grève vient de lui faire prononcer ses premiers gros mots publics. "Moi, a-t-il déclaré, mercredi 9 janvier, sur RMC, je ne cherche pas à briser les grèves, je cherche à éviter la loi de l'emmerdement maximum." " Le fait de faire grève pour un professeur, a-t-il ajouté, ce n'est pas de chercher à créer la loi de l'emmerdement maximum pour les familles, c'est de ne pas enseigner."
 
M. Darcos répliquait ainsi au maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui avait fait savoir qu'il refuserait d'organiser un service minimum dans les conditions proposées par le Ministre. "M. Darcos, sur ce sujet, s'y prend très mal", avait estimé, le même jour, sur RTL, M. Delanoë, ajoutant que l'on ne pouvait pas "demander aux fonctionnaires municipaux de casser la grève de fonctionnaires nationaux".

Cet échange portait sur des dispositions prises par le Ministre de l'Éducation en prévision de la grève de la Fonction Publique du jeudi 24 janvier, à laquelle les syndicats d'enseignants appellent à participer. Lundi, M. Darcos avait annoncé qu'il ferait appliquer ce jour-là "à titre expérimental" un dispositif esquissé lors d'une conférence de presse le 11 décembre 2007... mais prévu seulement pour la rentrée 2008.

 

En décembre, il avait annoncé sa volonté d'engager, "au cours des prochaines semaines", une discussion sur ce thème avec toutes les parties concernées. La discussion n'a pas eu lieu, mais M. Darcos a envoyé mardi une "note" aux Recteurs et Inspecteurs d'Académie sur la "mise en place d'un service minimum d'accueil dans les écoles maternelles et élémentaires en cas de grève". Cette note reprend le principe énoncé en décembre et qualifié de "pervers" par Luc Bérille, Secrétaire Général du SE UNSA (Syndicat des Enseignants UNSA) : le financement de ce service "dans les communes volontaires" sera assuré "à partir des fonds correspondant aux retenues sur salaire des enseignants grévistes".

Les municipalités, dont beaucoup mettent déjà en place un accueil dans les écoles les jours de grève en mobilisant leurs propres animateurs ou en faisant appel à des associations, seraient désormais, si elles passent une "convention" avec le Ministère de l'Éducation, remboursées de leurs frais, à hauteur de 90 euros par tranche de 15 élèves à garder. L'accueil fait à cette mesure est inégal : sans surprises, il est plutôt hostile dans les mairies de gauche et plutôt favorable dans celles de droite, même si, à terme, on voit mal une municipalité, quelle que soit sa couleur politique, se priver durablement d'une possible rentrée d'argent.

Mais M. Darcos, en assurant, mercredi sur RMC, que le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, avait trouvé le dispositif "intéressant", s'est attiré une sèche réplique de ce dernier, qui s'est dit "très étonné d'être cité" alors qu'il "n'a jamais eu d'échanges avec le Ministère de l'Éducation sur ce sujet". De son côté, Jacques Pélissard, président de l'Association des Maires de France (AMF) et élu UMP, a réagi de manière aigre-douce aux propositions du Ministre, estimant que cette "conception originale du service minimum" revenait à reporter "la responsabilité de l'État sur des acteurs étrangers aux conflits ayant conduit à la grève".

Alors que les syndicats d'enseignants jugent en majorité être en présence d'une attaque sournoise contre le droit de grève - ce que récuse le Ministre -, le potentiel polémique du "service minimum" dans l'éducation est efficacement réactivé. Il avait pourtant été désamorcé, ces derniers mois, par le même M. Darcos, passé d'un vieux refrain antigrève à la notion moins conflictuelle d'"accueil minimum", avant de se stabiliser sur "service minimum d'accueil", apte à servir aussi bien, selon les circonstances, le langage de la fermeté que celui du dialogue.

Publié dans Droit du travail

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